Manifeste et Rassemblement féministe contre l'impunité en France quant à l'expression publique d'un sexisme décomplexé.
Les violences sexistes étaient sous le feu des projecteurs en septembre dernier sur Arte avec la rediffusion de
la Cité du Mâle. Les ennuis judiciaires de Dominique Srauss-Kahn ont remis ces dernières sur le devant de la scène mediatique donnant lieu à un "
déferlement quotidien de propos misogynes tenus par des personnalités publiques, largement relayés sur nos écrans, postes de radios, lieux de travail comme sur les réseaux sociaux " (Osez le féminisme) et démontrant, s'il en est besoin, que le sexisme imprègne notre société et les media.
Osez le féminisme !, La Barbe et Paroles de Femmes se sont réunies pour lancer un appel intitulé " Sexisme : ils se lâchent, les femmes trinquent ". Signé vendredi 20 mai par plus de 1500 personnes dont les journalistes Audrey Pulvar et Christine Ockrent, la comédienne et humoriste Florence Foresti, Clémentine Autain, ex-adjointe au maire de Paris, l'anthropologue Françoise Héritier, Yvette Roudy, ex-ministre PS, les écrivains Florence Montreynaud et Isabelle Alonso, Marie-Françoise Colombani, Agnès Bihl, Annie Ernaux, Geneviève Fraisse, Julien Bayou, Patric Jean, les sociologues Dominique Méda et Eric Fassin, Annick Coupé, Caroline Mecary, Giulia Foïs ... il comptabiliserait au 22 mai à 15h00 plus de 13000 signatures.
Cet appel est soutenu par plusieurs associations féministes comme le Planning Familial, Mix-Cité, le Laboratoire de l’Egalité, les Chiennes de Garde, la Maison des Femmes de Montreuil, Le Collectif de Pratiques et de Réflexions Féministes « Ruptures », le réseau féministe " Ruptures ", Bagdam Espace lesbien, SOS Les mamans, Association la Lune, l’ANEF, l’Espace Simone de Beauvoir, La Ligue du droit international des femmes ... et appelle à un rassemblement le dimanche 22 mai à 17h00 sur la
place Igor Stravinsky, près de Beaubourg à Paris (itinéraire par Google Maps ici)
Voici
LE TEXTE DE L'APPEL que pouvez également lire, signer et faire signer en cliquant ici.
" Sexisme : Ils se lâchent, les femmes trinquent. "
Depuis une semaine, nous sommes abasourdies par le déferlement quotidien de propos misogynes tenus par des personnalités publiques, largement relayés sur nos écrans, postes de radios, lieux de travail comme sur les réseaux sociaux. Nous avons eu droit à un florilège de remarques sexistes, du « il n’y a pas mort d’homme » au « troussage de domestique » en passant par « c’est un tort d’aimer les femmes ? » ou les commentaires établissant un lien entre l’apparence physique des femmes, leur tenue vestimentaire et le comportement des hommes qu’elles croisent.
Nous sommes en colère, révoltées et révoltés, indignées et indignés.
Nous ne savons pas ce qui s’est passé à New York samedi dernier mais nous savons ce qui se passe en France depuis une semaine. Nous assistons à une fulgurante remontée à la surface de réflexes sexistes et réactionnaires, si prompts à surgir chez une partie des élites françaises.
Ces propos illustrent l’impunité qui règne dans notre pays quant à l’expression publique d’un sexisme décomplexé. Autant de tolérance ne serait acceptée dans nul autre cas de discrimination.
Ces propos tendent à minimiser la gravité du viol, tendent à en faire une situation aux frontières floues, plus ou moins acceptable, une sorte de dérapage. Ils envoient un message simple aux victimes présentes et futures : « ne portez pas plainte ». Nous le rappelons : le viol et la tentative de viol sont des crimes.
Ces propos prouvent à quel point la réalité des violences faites aux femmes est méconnue. De la part d’élites qui prétendent diriger notre société, c’est particulièrement inquiétant. 75 000 femmes sont violées chaque année dans notre pays, de toutes catégories sociales, de tous âges. Leur seul point commun est d’être des femmes. Le seul point commun des agresseurs, c’est d’être des hommes.
Enfin, ces propos font apparaître une confusion intolérable entre liberté sexuelle et violence faite aux femmes. Les actes violents, viol, tentative de viol, harcèlement sont la marque d’une volonté de domination des hommes sur le corps des femmes. Faire ce parallèle est dangereux et malhonnête : ils ouvrent la voie aux partisans d’un retour à l’ordre moral qui freine l’émancipation des femmes et des hommes.
Les personnalités publiques qui véhiculent des stéréotypes qu’on croyait d’un autre siècle insultent toutes les femmes ainsi que toutes celles et ceux qui tiennent à la dignité humaine et luttent au quotidien pour faire avancer l’égalité femmes – hommes.
L'
illustration contre les violences sexistes est empruntée à Victimes de violences conjugales d'apres une idee de
Avocat Paris